Nous sommes repartis, normalement pour une petite etape jusqu'a Choam Ksant. Ne trouvant pas la piste qui devait nous y mener, nous en avons pris une au hasard dans la direction du nord. Au fur et a mesure que nous avancions, les enfants a moitie nus se faisaient plus curieux et les vieilles femmes nous gratifiaient de larges sourires ouverts sur deux rangees de chicots. Comme partout quand vous savez dire "bonjour, comment ca va?", les locaux s'imaginaient que nous parlions khmer couramment. Nous avons eu un peu peur en nous arretant boire dans un petit village et ou de la cruche s'est echappe dans nos verres un liquide translucide et brunatre... dommage, nous avions soif quand meme... heureusement, c'etait du the et pas de l'eau comme nous l'avions cru d'abord. Une fois bien raffraichis, nous primes conge du groupe d'enfants qui nous entourait et continuames la route. Finalement, nous n'arrivames pas du tout a l'endroit escompte mais pas loin du temple vers lequel nous comptions aller le lendemain. L'evenement interessant de la journee fut sans conteste ma premiere chute de moto. Arrive un peu vite sur une petite crevasse qui coupait la piste en deux pour une raison quelconque, j'ai du compter un peu trop sur mon frein avant ( pas assez l'habitude du frein au pied mais c'est bien venu depuis). On peut donc dire que j'ai derappe sur le sable. On peut aussi dire que pour preserver les amortisseurs de la moto, je l'ai delicatement couche sur le flan, pendant que, fourbu, je m'asseyais par-terre. D'ailleurs plus j'y pense, plus je me dis que c'est comme ca que ca s'est passe... Je m'en suis sorti avec quelques ridicules egratignures sur les mains et le short un peu plus sale. Comme la moto a daigne repartir tout de suite ou presque, le fait est finalement presque anectotique mais je le considere comme une partie de mon "permis moto cambodgien" dans la section "apprendre a tomber sans risque". J'ai vaillamment valide l'etape. Nous sommes arrives au village situe au pied de la montagne ou trone le Prasat Preah Vehar en milieu d'apres-midi et avons decide d'y passer la nuit et de visiter le site le lendemain apres un peu de repos. Nous avons passe une petite heure a bronzer en regardant passer les animaux, les vehicules et les chars a boeufs.
Nous commencions a nous ennuyer d'observer les aller et venues des cochons et des chiens dans les rues ecrasees de soleil quand les jeunes du village sont venus nous proposer de jouer au foot avec eux, ce qui ne refuse pas. Le terrain etait deplorable et j'ai bien failli tomber plusieurs fois. En 10mn, je suais toute l'eau que je pouvais et j'avais les poumons en feu mais ca faisait vraiment du bien de faire un peu d'exercice. Et en plus j'ai mis trois buts! Il faut dire qu'on me passait souvent la balle et que moi, je gardais mes chaussures contrairement aux jeunes du village... Une fois bien lessives nous avons pris conge. La sueur melangee a la poussiere de la route dessinait des rigoles rougeatres sur tout mon corps et la douche allait etre la bienvenue. Malheureusement, la "salle de bain", petite excroissance en tole bordant la maison en bois etait constitue d'un bidon en fer d'eau un peu sale et nous avions vu dans l'apres-midi des femmes s'y soulager a meme le sol. Ca ne donnait pas trop envie mais nous nous sommes tout de meme resignes a nous asperger en puisant dans le bidon avec un seau, mais en gardant nos sandales... La soiree a la bougie fut courte, et la nuit sur une natte posee a meme le sommier peu reposante, avec l'habituel tintamarre du lever khmer a 5H du matin. Avec la journee qui se preparait, nous aurions pourtant eu besoin d'une bonne nuit de sommeil...